27 août 2015

DES MICROBES EN TAXI A ABIDJAN



           

          Pourquoi j’écris ces lignes ? Parce que je suis une nouvelle victime de l’insécurité à Abidjan. Pace qu’il faut savoir que vivre loin d’Abobo et de Yopougon ne suffit pas pour être immunisé contre le phénomène des microbes. Pour faire remarquer à tous que nul n’est suffisamment informé, nul n’est suffisamment prudent pour se protéger de cette vermine qui infecte nos quartiers.

          Cinq minutes, cinq petites minutes d’inattention ont suffit à ces gangsters d’un nouveau genre pour m’ajouter à la liste de leurs victimes. Leur mode opératoire ? Tout le monde en a au moins une fois entendu parler à Abidjan. Le coup classique : votre voisin de trajet sur le siège arrière d’un taxi se plaint de ce que le passager sur le siège avant lui coince le pied avec son siège. Il hurle même de douleur. Le chauffeur-complice vous indique à vous, assis à la portière arrière droite, une manette en dessous du siège à problème que vous devez actionner pour libérer le pied de votre voisin. Pendant que, n’écoutant que votre altruisme, vous êtes occupés à retrouver la manette fictive, la fausse victime, avec la complicité de la passagère (vous avez bien lu) à l’extrême gauche échangent l’ordinateur dans votre sac contre un pavé en ciment de poids similaire. Au moment où vous réalisez que vous êtes victime d’une supercherie et tentez de réagir, vous êtes éjecté du taxi en circulation par vos ravisseurs. Cinq minutes, voilà le temps qu’il leur faut pour réaliser ce tour de passe-passe.


           Je ne remercierai jamais assez le ciel pour être sorti indemne de cette agression. Mais j’ai perdu « Toshi ». C’est le petit nom que donnaient mes amis et collègues au Toshiba L650 que je trainais partout avec moi. Je ne m’en séparais presque jamais. Normal, c’était mon instrument de travail. Mais bien plus. Toshi contenait de nombreuses données personnelles ainsi que le fruit de plusieurs années de recherche. Je ne parle même pas des nombreux projets sur lesquels je travaillais ces derniers temps. Bref, c’est une perte inestimable. Pour cinq minutes d’inattention. Pour avoir voulu secourir un semblable. C’est vraiment bête. C’est en tout cas le sentiment qu’on éprouve quand on sort de ce type de malheur. Un sentiment que viennent renforcer les « vous n’auriez pas dû monter… » et les « c’est ce qu’il ne fallait pas faire… » des agents de police chargés de recueillir votre déposition. Messieurs les agents, vous avez beau jeu de vous asseoir dans les commissariats pour faire la morale aux victimes quotidiennes de ces faiseurs de malheur. C’est une nouvelle forme de criminalité dont vous êtes bien informés à en juger par les leçons que vous faites aux victimes. Vous vous montreriez bien plus utiles si vous sortiez de votre rôle de moralisateurs pour informer les pauvres populations sur ces nouvelles formes de criminalité dont vous êtes informés de par votre position. En cette ère des nouvelles technologies, ça ne vous demanderait aucun budget spécial et ça ne vous prendrait pas de temps particuliers.
 

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