Pourquoi j’écris
ces lignes ? Parce que je suis une nouvelle victime de l’insécurité à
Abidjan. Pace qu’il faut savoir que vivre loin d’Abobo et de Yopougon ne suffit
pas pour être immunisé contre le phénomène des microbes. Pour faire remarquer à
tous que nul n’est suffisamment informé, nul n’est suffisamment prudent pour se
protéger de cette vermine qui infecte nos quartiers.
Cinq minutes,
cinq petites minutes d’inattention ont suffit à ces gangsters d’un nouveau
genre pour m’ajouter à la liste de leurs victimes. Leur mode opératoire ?
Tout le monde en a au moins une fois entendu parler à Abidjan. Le coup
classique : votre voisin de trajet sur le siège arrière d’un taxi se plaint
de ce que le passager sur le siège avant lui coince le pied avec son siège. Il hurle
même de douleur. Le chauffeur-complice vous indique à vous, assis à la portière
arrière droite, une manette en dessous du siège à problème que vous devez
actionner pour libérer le pied de votre voisin. Pendant que, n’écoutant que
votre altruisme, vous êtes occupés à retrouver la manette fictive, la fausse
victime, avec la complicité de la passagère (vous avez bien lu) à l’extrême
gauche échangent l’ordinateur dans votre sac contre un pavé en ciment de poids
similaire. Au moment où vous réalisez que vous êtes victime d’une supercherie
et tentez de réagir, vous êtes éjecté du taxi en circulation par vos
ravisseurs. Cinq minutes, voilà le temps qu’il leur faut pour réaliser ce tour
de passe-passe.
Je ne
remercierai jamais assez le ciel pour être sorti indemne de cette agression. Mais
j’ai perdu « Toshi ». C’est le petit nom que donnaient mes amis et
collègues au Toshiba L650 que je trainais partout avec moi. Je ne m’en séparais
presque jamais. Normal, c’était mon instrument de travail. Mais bien plus.
Toshi contenait de nombreuses données personnelles ainsi que le fruit de plusieurs
années de recherche. Je ne parle même pas des nombreux projets sur lesquels je travaillais
ces derniers temps. Bref, c’est une perte inestimable. Pour cinq minutes d’inattention.
Pour avoir voulu secourir un semblable. C’est vraiment bête. C’est en tout cas
le sentiment qu’on éprouve quand on sort de ce type de malheur. Un sentiment
que viennent renforcer les « vous n’auriez pas dû monter… » et les « c’est
ce qu’il ne fallait pas faire… » des agents de police chargés de recueillir
votre déposition. Messieurs les agents, vous avez beau jeu de vous asseoir dans
les commissariats pour faire la morale aux victimes quotidiennes de ces
faiseurs de malheur. C’est une nouvelle forme de criminalité dont vous êtes
bien informés à en juger par les leçons que vous faites aux victimes. Vous vous
montreriez bien plus utiles si vous sortiez de votre rôle de moralisateurs pour
informer les pauvres populations sur ces nouvelles formes de criminalité dont
vous êtes informés de par votre position. En cette ère des nouvelles
technologies, ça ne vous demanderait aucun budget spécial et ça ne vous
prendrait pas de temps particuliers.
L’Alliance des Guerriers de l’Evangile est le
groupe Chrétien d’évangélisation à l’origine de la vidéo TU N’AS PAS JESUS C’ESTZERO. C’est une vidéo qui a été énormément commentée et partagée sur les
réseaux sociaux au mois de Juin. L’équipe de LES IVOIRIENS ONT DU TALENT a
cherché à en en savoir plus sur ce groupe d’évangélisation atypique. Dans cet
entretien exclusif, l’Evangéliste Marc Lhébreux, leader de ce groupe, nous parle de la mission poursuivie par ses
compagnons et lui.
Les Ivoiriens Ont Du Talent : Bonjour
évangéliste. Pouvez-vous vous présenter aux ivoiriens ?
Évangéliste Marc Lhebreux
Evangeliste Marc Lhebreux : Bonjour. Je suis l’Evangéliste Marc
l’Hébreux. C’est moi qui tiens le tam-tam dans et chante dans la vidéo. Cela
fait 12 ans que je suis converti à la religion Chrétienne. Je me considère
comme prédicateur de la rue. J’ai commencé à prêcher l'Evangile depuis
l’école primaire lorsque j’étais en classe de cm1. Aujourd’hui, je suis
Responsable à l’Evangélisation dans l’église à laquelle j’appartiens
Les Ivoiriens Ont Du Talent : Comment est né votre
groupe d'évangélisation et à quelle communauté religieuse appartenez-vous?
Evangeliste Marc Lhebreux: Au départ, j’évangélisais tout seul.
Puis en 2012 le Seigneur m’a fait la grâce de rencontrer d’autres jeunes
serviteurs de Dieu qui avaient comme moi l’amour de l’évangile et la rage de
gagner des âmes. C’est à partir de là que nous avons constitué notre équipe. A
ce jour, nous sommes plus d’une vingtaine de personnes. Nous ne sommes pas tous
de la même communauté, mais nous partageons la même vision. Moi je suis de
l'Église Perez Chapel International une église ghanéenne. Mon père spirituel
est le pasteur Tanoh Patrice.
Les Ivoiriens Ont Du Talent : Pourquoi avez
vous choisi d'évangéliser a partir du Zouglou?
Evangéliste Marc Lhebreux : Nous nous sommes rendu compte que
lorsque nous prêchons simplement l’évangile, les réactions sont timides. C’est
pour cela que nous avons choisi d’associer la louange à l’évangélisation :
on chante, les gens sortent et nous en profitons pour annoncer l’évangile. Le
Zouglou est le style dans lequel je trouve plus d’inspiration. Je m’y sens bien
parce que c’est un rythme que je pratique depuis de nombreuses années. Je
chante et je joue du tam-tam. Nous composons nous même la majorité des chants
de notre répertoire, sauf le chant « si tu n as pas Jésus c’est Zéro »
que nous avons emprunté à un collègue évangéliste.
Les Ivoiriens Ont Du Talent : Comment
réagissent les gens sur votre passage?
Evangeliste Marc Lhebreux : Les gens réagissent positivement.
Ils aiment ce que nous faisons. D’autres personnes sont touchées par cette
œuvre et nous encouragent même à continuer car cela leur fait du bien. Je bénis
le Seigneur pour la vie de cette sœur qui nous suivait sur Facebook depuis un
temps et qui a décidé de nous rejoindre sur le terrain pour évangéliser. Nos
campagnes de prédication dans les villes, villages et communes d’Abidjan
portent fruit. Des personnes se donnent à JÉSUS CHRIST. Souvent les gens nous
filment avec leurs téléphones portables ou leurs appareils numériques pour les
messages que nous prêchons.
Les Ivoiriens Ont Du Talent : Quelle a été
votre réaction quand vous avez constaté que votre vidéo créait le buzz sur les
réseaux sociaux?
Evangeliste Marc Lhebreux : On a eu peur au départ car les
illustres inconnus que nous sommes n’étions pas habitués à faire la une des
réseaux sociaux. Nous avons plusieurs vidéos de prédication que nous mettons
sur les réseaux sociaux dans le but de gagner des âmes. Mais cela n’a jamais
pris de telles proportions. Puis est arrivé ce jour où nous sommes allés
prêcher à la Riviéra Faya. Une dame, journaliste à la RTI qui habitait le
quartier, est sortie de chez elle et a demandé à nous filmer avec son
téléphone. Nous n’y avons pas trouvé d’inconvénient. Quelques jours plus tard,
certains amis sont venus nous prévenir que notre vidéo était en train de se
propager sur Facebook. Elle était relayée par les plus grosses pages
ivoiriennes. Elle a même été partagée en Europe par C-Maias.
Les Ivoiriens Ont Du Talent : Qu’est ce
que cette vidéo vous a apporté?
Evangeliste Marc Lhebreux : Pas grand-chose à part des LIKE et
des commentaires. Or nous ne prêchons pas pour les acclamations des hommes ni
pour notre ventre mais pour gagner des âmes quel que soit le lieu. Nous disons aux chrétiens qu’il s’agit de
soutenir l’œuvre de Dieu. Il ne s’agit pas de poser des j’aime ou des
commentaires, mais d’agir. Je remercie
l’équipe de LES IVOIRIENS ONT DU TALENT qui nous a contactés pour comprendre le
sens de notre démarche.
D’autre part, des personnes qui ont vu la
vidéo nous ont promis de nous aider dans notre œuvre. Mais jusque-là, aucune
promesse ne s’est concrétisée. Nous ne leur en tenons pas rigueur car notre but
n’est pas de courir derrière des personnes ou de demander de l’argent sur
Facebook. Nous ne prêchons pas l’évangile pour de l’argent, mais nous prêchons Jésus
pour la vérité. Nous avons reçu gratuitement, nous devons donner gratuitement
comme le recommandent les saintes écritures.
Les Ivoiriens Ont Du Talent : Rencontrez-vous
des difficultés dans votre tâche?
Evangeliste Marc Lhebreux : Nous rencontrons des difficultés.Souvent
des gens se plaignent de ce que nous faisons et nous menacent. Mais c'est difficultés ne nous empêchent pas
de faire connaître JÉSUS car lui même il a dit dans sa parole que vous serrez
persécutés.
Les Ivoiriens Ont Du Talent : De nombreuses
personnes apprécient ce que vous faites et souhaitent vous aider. De quel type
d'aide ou de soutien avez-vous besoin?
Evangeliste Marc Lhebreux : Nous ne cherchons pas à créer une
ONG car là où il y a de l’argent, il y a la division. Mais l’évangélisation
consiste à l’amour réel du prochain. Des gens ont des placards plein de vêtements
qui ne leur servent plus. Nous avons besoin de ces vêtements. Nous avons aussi
besoin de nourriture pour la distribution aux malades et aux personnes démunies,
d’appareils de sonorisation pour nos croisades d'évangélisation dans les
villages et villes, des brochures à partager et de bibles.
Les Ivoiriens Ont Du Talent : Avez-vous un
dernier message à l’endroit des ivoiriens ?
Je m’adresse à tous les chrétiens et à ceux
qui ne le sont pas :
L’heure est grave. Les âmes se meurent. Laissez vos
temples et sortez tous massivement. Marchons pour gagner des âmes. Certains on
accepté JÉSUS comme sauveur mais pas comme SEIGNEUR. Il ne suffit pas de croire
en Dieu, vous devez aussi travailler pour lui. Nous ne sommes pas un cercle
fermé. Nous invitons tout le monde à nous rejoindre car nous voulons l’unité
chrétienne en Côte d’Ivoire.
La bataille continue à travers l’OPERATION JÉSUS OU
RIEN que nous initions pendant ces vacances. On peut me contacter sur ma page Facebook.
La famille des Guerriers de l'Evangile s'agrandit. Cool!
Les
ivoiriens et la grammaire, c’est toute une histoire. Aussi bien dans les rues
que dans les discours officiels, l’ivoirien tombe quotidiennement dans les
nombreux pièges dont regorge la langue française. Cet article recense seulement un petit
nombre d'erreurs très fréquemment entendues dans les rues d’Abidjan. Mais il
explique surtout comment les éviter.
1 - (Les) Un an de plus
C’est
l’anniversaire de votre meilleur ami(e) ou même de votre chéri(e). Vous avez
rédigé un gentil message que vous
lui lirez avec émotion. Seulement dès
l’entame de votre message, son visage se fronce, et vous ne comprenez pas
pourquoi. Analysons votre texte : «Afin
de t’exprimer toute l’importance que tu occupes dans mon cœur, je t’ai préparé
un gentil message pourtes 1 an(s ?)
de plus».
C’est à croire
que vous voulez le/la voir vieillir plus vite que la normale. Sinon pourquoi
fêter plusieurs années de plus pour un seul et même anniversaire? Moi-même je
n’aurais pas pu suivre le reste du message, aussi beau fût-il. Je préfère
mieuxpour cette année
de plus.
2
- Genteféminine
Lagentest un nom commun féminin qui signifiela populationoule peuple. Il n'y a
donc aucun besoin de lui ajouter unefinal (qui est une faute). On écrit doncla gent masculineetla gent
féminine. Attention, letfinal ne se prononce pas. Pluriel : « les gens
». Exemple : « Bonnes gens ! », « Les petites gens. »
Origine de la confusion:gentes dames est utilisé dans de nombreux textes
anciens, gente étant ici un adjectif, simple synonyme de gentille (la racine en
est identique) et désignant d'agréables interlocutrices.
3 - Formenter
Ce verbe,
qui signifie tramer, ne
prend pas deraprès l’o. Inutile
donc de faire vibrer la langue ou de grasseyer (chôcô) en prononçant le verbefomenterau risque de paraître ridicule. Exemple:des assaillants sont en train defomenterun coup.
4 - Au jour d’aujourd’hui
C’est un
pléonasme qui prolifère de plus en plus dans la bouche des ivoiriens. Le motaujourd'huicontient deux fois le motjour car l'ancien françaishuin'était autre, en effet, qu'un synonyme du latinhodie, « ce
jour (hoc die) ».
Il se
trouvera certes quelques avocats pour trouver à l’expressionau jour d'aujourd'huides circonstances atténuantes ; pour
plaider l'ironie, invoquer la redondance expressive. Mais mieux vaut pourtant
réserver ce tour d'une rare lourdeur au registre populaire et s'en abstenir
soigneusement dans la langue soutenue car vous avez là deux pléonasmes pour le
prix d'un seul (lool). Il vaut mieux utiliseraujourd'hui ouà ce jour, qui sonnent mieux et sont moins redondants.
5 - Ceci étant dit
C’est une
faute qu’on entend très souvent sur les antennes de la RTI et dans certains
discours officiels. Et pourtantla plupart
des grammairiens considèrent quececi étant
ditest mal
formulé et qu'il vaut mieux direcela dit/ceci ditselon le contexte :en français,celareprend ce qui a été dit alors quececiannonce ce qui va être dit.Cela ditpeut donc s'employer pour résumer ce qui vient
d'être dit avant que ne soit apportée une restriction à cet énoncé. Exemple :Elle pourra
prendre ses vacances comme je le lui ai promis;cela dit, elle devra
être présente au bureau pour la rédaction du rapport annuel.Cette locution est
logiquement préférable àceci dit, qui est
moins fréquente mais tout de même admise.
6 - Cinquantenaire / quarantenaire
Ces deux
mots ne peuvent pas s’utiliser pour parler d’une personneagée. Les termes
« quarantenaire » et « cinquantenaire » s’appliquent à
l’anniversaire d’un événement. Par exemplele
cinquantenaire de Fraternité Matin. Pour des personnes, on dira quadragénaireouquinquagénaire. Et si vous
avez peur de vous tromper, dites simplementpersonne d’âge
mûr.
7- Se rappeler de
Le verbe se rappelerest transitif direct. On dira donc je me rappelle bien
cette époque. L'emploi (incorrect) de la prépositiondeest probablement une confusion avec le verbe
« se souvenir » : je me souviensdecette époque. De même on
dira ça me rappelle le
match Asec– Kôtôkôet non ça me fait rappeler
Asec–Kôtôkô.
8 - Souffrez de
Souffrirdec’est être affecté par (une maladie ou une situation difficile).
On souffre par exemple d’une maladie ou de l’absence d’un être cher.
Souffrirquesignifiepermettre,
consentir que. Il est normalement suivi du subjonctif.Souffrez que je vous fasse une remarque, que je
vous dise la vérité, que je vous parle assis; souffrez que je me justifie.Souffrir, employé dans ce registre soutenu ou
ironique ne doit pas s’accompagner de la prépositiondecomme on l’entend dans de nombreuses chansons
très en vogue :Souffrez de
ma mélodie,souffrez de
mon talent.
9- C’est naissance
Cette
expression est très en vogue en côte d’ivoire depuis qu’elle a été utilisée
dans une chanson a succès par Petit dénis, un artiste populaire en Côte
d'Ivoire. Les nombreux fans de cette icône du Zouglou seront certainement très
déçus d’apprendre quec’est
naissanceest du pur
argot ivoirien et qu’il faut lui préfererc’est inné.
10- C'estdema faute !
S’il y avait
un oscar à décerner, c’est sur ce « candidat » que tous les Spotlights se
dirigeraient. Ne dites pas:c'estdema faute.Surtout si d'aventure un
autredesuit :C'estdela fautedevotre pèreserait, chacun en conviendra,
d'une insigne lourdeur. Ceden'a aucune fonction grammaticale.C'est ma fauteest amplement suffisant.
Vous
connaissez d’autres fautes fréquentes dans le langage ivoirien ? N'hésitez
pas à ajouter vos trouvailles !