12 avr. 2012

Voici pourquoi viande est perdu dans sauce.

    
         Il était une fois un village où la viande manquait cruellement dans les sauces. Les habitants qui tenaient à la paix dans leur village faisaient bouillir dans leurs sauces de gros morceaux de légumes qui finissaient par imiter parfaitement la texture de la viande cuite. C’est de cette façon qu’ils trompaient leurs palais et calmaient les pleurs des enfants.

      On s’accommodait bien de cette situation dans ce petit village lorsque la sauce  elle-même vint à manquer dans les assiettes. Les complaintes maugrées jusque-là dans chaque case se firent alors plus insistantes, et les cris des enfants, plus stridents. Les villageois auraient bien aimé sortir dehors crier leur faim, mais les Libérateurs, un groupe de jeunes guerriers très excités paradait à longueur de journée dans le village, sagaie au point, on ne savait trop pourquoi. Finalement les pleurs et complaintes parvinrent, on ne sut par quel miracle aux oreilles de Chef-du-village. Il convoqua d’urgence ses notables à un conseil avec comme unique point à l’ordre du jour… le retour de la viande dans les sauces.

        On prit soin de convier Récital-de-Télénovelas-Indien, le griot du village à ce conseil. On aurait pu simplement l'appeler par ses initiales. Mais on l’appelait ainsi à cause de sa propension à raconter des histoires à l’eau de rose à travers le village. Il en racontait à toute heure : dès 10h00, à 11h00, à 12h00, à 13h00, à 18h00, à 19h30 et même à 22h00 ! Au point où, un jour, pour le railler, un fils têtu du village ne manqua pas de lui faire remarquer que ses histoires n’avaient certes pas le même début, mais avaient toutes la même fin. C’est que Récital-de-Télénovelas-Indien en faisait vraiment trop. Et les mauvaises langues ne tardèrent pas à l’accuser de dépraver les mœurs des femmes et des jeunes filles du village. Certains maris qui en avaient les moyens s’étaient d’ailleurs, à prix d’or, attachés les services de griots privés pour permettre à leurs familles d’écouter d’autres histoires que celles mille fois ressassées par Récital-de-Télénovelas-Indien.

        C’est pourtant lui qui, à la fin du conseil fut chargé d’aller partout dans le village annoncer la bonne nouvelle des résolutions arrêtées par Chef-du-village  et ses notables. Mais Récital-de-télénovelas-indien était de ces griots qui connaissaient parfaitement la tradition. Il savait que quand on l’envoyait, il devait savoir s’envoyer. Aussi prit-il soin d’expliquer aux villageois que Chef-du-village avait été très sensible à leurs plaintes, que de graves décisions avaient été arrêtées pour que non seulement la viande travaille, mais surtout qu'elle circule et retourne dans leurs sauces, que ce retour était imminent, et patati, et patata…
Puis les jours passèrent et la viande ne fit pas son retour dans les sauces.

        C’est alors que Notable-en-chef, un notable qui venait d’être fraîchement propulsé à la tête des notables du village entreprit de descendre en personne à la place du marché, très décidé à retrouver la viande et à la faire revenir dans les sauces. C’est que Notable-en-chef prenait ses nouvelles fonctions très au sérieux ! Il s’arma pour cette visite de son chapeau le plus large, de ses lunettes les plus fumées, de sa dernière chemise hawaïenne et de son plus beau sourire. Il aurait voulu partir en villégiature qu’il ne se serait pas vêtu autrement. Savait-il seulement que femme affamée ne se maîtrise point ? En tout cas, le griot qui rapporta cette visite plus tard assura que Notable-en-chef  avait, au cours de sa visite, poursuivi la viande jusque dans ses derniers retranchements, l’avait capturé et la ferait bientôt revenir dans les sauces. Comme à son habitude, Récital-de-télénovelas-indien se garda bien de révéler que Notable-en-chef avait été copieusement tancé par des femmes très remontées qui n’avaient pas raté l’occasion de sa visite pour crier leur famine.
Puis les jours passèrent et la viande ne revint toujours pas dans les sauces.

        L’affaire était visiblement en train d’humilier la chefferie. Les notables étaient à cours d’idées face à la disparition de la viande dans les sauces lorsque l’un des leurs, qui se sentait une âme de releveur de défis,  entreprit de tenter un dernier baroud d’honneur. Robin-des-viandes, c'est ainsi qu'il s'appelait, était le notable en charge des bouchers et chasseurs. Il fit appeler ces derniers dans sa case, certainement échaudé par la mésaventure vécue par son prédécesseur au marché du village. Mais plus que le lieu de la rencontre, c’est la proposition qu’il fit à ses visiteurs qui amusa tout le village : il demanda simplement aux bouchers et chasseurs de se saigner pour fournir de la viande au village. On savait depuis plusieurs générations que  dans ce village, la spécialité des bouchers et chasseurs était de faire saigner le gibier. Mais pas de se faire hara-kiri… Aussi ne fut-on pas étonné lorsque quelque jours plus tard, Robin-des-viandes, qui était allé s’assurer du retour effectif de la viande, déclara que sur les 5 sauces auxquelles il avait goûté aux abords du palais royal, seules 2 sauces donnaient juste une impression de retour de viande.
Puis les jours passèrent et la viande ne revint toujours pas dans les sauces.

        Moralité de l’histoire : ni Robin-des-viandes, ni ses compères de la notabilité n’étaient prêts à réduire les taxes pour permettre le retour de la viande dans les sauces. Ils n’étaient même pas prêts à bannir du village les nombreux intermédiaires qui empêchaient la viande de circuler en rond. Ils ne songeaient surtout pas à faire désherber les pistes broussailleuses et boueuses du village qui empêchaient la viande d’accéder aisément aux sauces. Pire, ils ne songeaient même pas à donner aux jeunes  désœuvrés du village reconvertis en joueurs d’awalé les moyens et le soutien nécéssaires pour élever leurs propres bêtes. Bref, ils firent tout sauf trouver des solutions pour permettre au village d’avoir de la viande en abondance. Et pourtant ils avaient la possibilité d’arrêter de troquer le peu d’or  qu’il restait au village contre de la viande dans les villages voisins.
        Et c’est depuis ce jour … que viande est perdu dans sauce.

                                                                               
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7 avr. 2012

Pr Ake Assi Laurent publie le Vidal de l'Afrique.


 Dédicace-hommage 

 

        Voici un ouvrage que chacun de nous devrait précieusement garder à son chevet. « Abrégé de médecine et pharmacopée africaines : quelques plantes employées traditionnellement dans la couverture des soins de santé primaire » contient 157 pages de connaissances sur les vertus thérapeutiques des plantes. Rédigé dans l'objectif est de faire découvrir les plantes qui soignent les maladies principales, il est la nouvelle publication du célèbre ethnobotaniste, le Professeur Laurent Ake Assi. Cette œuvre de haute portée scientifique se veut un pont entre médecine moderne et médecine traditionnelle. Elle a été dédicacée par son auteur le mercredi 7 mars dernier à l’institut Goethe d’Abidjan Cocody. 
        Ce fut l’occasion pour la communauté scientifique et universitaire de saluer cette initiative du grand maître et chercheur. Et c’est le Pr Sery Bailly qui ouvrira le bal des hommages en affirmant que si la médecine moderne à son Vidal, les guérisseurs traditionnels ont désormais leur Abrégé ou leur Aké Assi. Le Pr Ouattara Assana Sangaré, pharmacien biologiste et ancien ministre lui emboîtera le pas. Cette scientifique de haut vol, marraine de la cérémonie de dédicace et auteur de la préface de l’œuvre n’a pas tari d’éloges à l’endroit de l’auteur qu’elle côtoie depuis 1974 et à qui elle voue une énorme admiration.

Une oeuvre très aboutie


        C’est que Abrégé de médecine et pharmacopée Africaines est une œuvre très documentée dans laquelle le Professeur Aké Assi décrit chacune des 53 plantes thérapeutiques les plus couramment et quotidiennement utilisées en Côte d’Ivoire. Il  indique leur répartition géographique ainsi que les principales maladies qu’elles permettent de soigner. L’abrégé est rédigé dans un langage accessible aux non initiés dans le but de vulgariser la botanique et faire avancer la cause de cette science. La simplicité est même poussée jusqu'à donner les noms usuels et les noms dans nos différentes ethnies des plantes médicinales étudiées. Il est pratique et facile à consulter pour rechercher la plante qui soigne une maladie donnée ou les différentes maladies que peuvent traiter nos plantes. L’iconographie de l’œuvre est également très soignée car chaque plante à été dessinée de façon très réaliste à la main par le technicien dessinateur Amon Aya Lazarre, proche collaborateur du Pr Aké Assi. Le tout est présenté dans du papier glacé de haute qualité qui fait de Abrégé de médecine et pharmacopée africaines une véritable œuvre d’art.
        On comprend donc pourquoi les 250 copies destinées à la vente sur place à 5000f CFA la copie le jour de la dédicace n’ont pas suffit. Ils se sont arrachés comme de petits « wonmi » par les nombreux admirateurs du vieux savant qui avaient pris d’assaut la salle de spectacle du Goethe institut dès 16H00. Le Pr Aké Assi a répondu à cette marque de sympathie en rédigeant un mot gentil dans chacune leur copie de l’abrégé.

Le génie de la forêt ivoirienne.


        Le Professeur Aké Assi, faut-il le rappeler est professeur titulaire de botanique à la faculté des sciences et techniques de l’université d’Abidjan. Autodidacte, rien ne lui prédisait un destin de chercheur. Parti en France avec le niveau CE1 pour un simple stage de botanique à la demande de Feu le Président Houphouët Boigny , il en revient avec une thèse de doctorat. Il consacre toute sa vie à l’étude et à la défense de la flore ivoirienne. Il crée à son retour de formation en Europe le jardin botanique de l’université d’Abidjan, une forêt artificielle de plusieurs hectares dans laquelle il fait pousser toutes les espèces végétales de Cote d’Ivoire, y compris des espèces aujourd’hui disparues du fait de l’activité humaine. Il constitue également l’herbier du Centre National Floristique de l’université de Cocody, une sorte de bibliothèque pour plantes dans laquelle il conserve sous forme séchée des extraits de toutes les plantes de Côte d’Ivoire et de la sous région sous forme séchée, soit près de 22 250 espèces végétales à la disposition des étudiants et autres chercheurs. C’est l’herbier le plus riche du continent Africain.
         Aujourd'hui à la retraite, le Pr Aké Assi continue d’être sollicité pour la formation de botanistes dans plusieurs pays du monde. Il est professeur encadreur de plusieurs thèses de doctorat en botanique. Membre de 9 sociétés savantes dans le monde, Aké Assi est auteur de plus de 120 publications. On dit dans le milieu des botanistes qu’aucune plante n’a de secret pour ce vieux savant que d’aucun considèrent comme le plus grand botaniste de notre continent. Chercheur discret et très peu connu chez lui en Cote d’Ivoire c’est récemment qu’il à été révélé par un documentaire que lui consacrait la chaîne française TV5 à la demande de l'Organisation Internationale de la Francophonie.

                                                          Découvrez plus de talents ivoiriens sur: Lesivoiriensontdutalent