29 oct. 2012

ON VA DÉNONCER LE ROI.


Nanan Amon Tanoe, Roi des N'zima Kotoko, Bassam, Cote d'Ivoire.
On aura juste une semaine pour dénoncer publiquement les fautes de son altesse Amon Tanoe. Sans intermédiaires et sans gants, on dira au roi des N’zima ce qu’on pense de son rêgne. Tant pis si cela peut inciter la notabilité à mieux gérer les affaires de la communauté. Pour tous les fils et filles N’zima qui ont commis des fautes graves au cours de l’année, ce sera également l’occasion de se confesser publiquement afin d’obtenir le pardon du peuple. Bien entendu, tout ceci se passera dans la convivialité et la démocratie. Et les bonnes œuvres ? Elles seront également mis à nu et les Nzima exemplaires seront honorés solennellement. On jouera à fond la carte de la repentance  et de la réconciliation. Mais ce sera surtout une fête de purification et de réjouissance. Tous les féticheurs s’abstiendront de toutes pratiques et en cas de décès, les familles éplorées s’efforceront de retenir leurs larmes car les funérailles ne seront pas autorisées pendant cette période.

Le plus grand événement culturel du peuple N’zima Kotoko est une occasion de retrouvaille annuelle pour les sept familles composant ce peuple. Pour l'occasion, les N'zima viendront des 4 coins du pays et poseront leurs valises au village pour une semaine. Cette année encore la fête  se déroulera en 3 étapes : Le Siedu ou la retraite du tam-tam "Edo-n'gbolé" (c’est la phase mystique de la cérémonie) ; le Gouazo ou sortie de l’Abissa (les anciens offriront de la boisson a la famille N’vavilé, dépositaire de la danse Abissa pour obtenir sa permission et pour le bon déroulement de la fête). Le Ewudolè marquera l’apothéose de cette fête qui marque le début du nouvel an pour le peuple N’zima. C’est l’étape la plus connue de tous. C’est étape du carnaval. On  rivalisera d’ingéniosité pour se travestir, on se déguisera comme  on peut, on se trémoussera au rythme de la fanfare. Bref la première capitale de Cote d’Ivoire deviendra, le temps d’une semaine, le Rio de Janeiro de l’Afrique.
sécurité assurée par notre Batman national.

La fête de réjouissance et de purification du peuple N’zima fait partie de l’offre touristique riche et variée de la Côte d’Ivoire. Cette année le gouvernement à octroyé une subvention de 12 million au comité d’organisation et depuis une semaine la ville historique de Grand Bassam fait sa toilette. Les sponsors ont déjà aménagé des espaces de promotion pour offrir leurs produits aux visiteurs. L’Abissa 2012 sera une semaine de folie pour revaloriser la culture N’zima. On implorera les dieux à cette occasion pour une année à venir plus prospère et plus apaisée. Ce sera du 28 octobre au 4 novembre à Grand bassam, patrimoine mondial de l’UNESCO, et c’est en Côte d’Ivoire que ça se passera.


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24 oct. 2012

Thierry Tanoh, nouveau patron d’Ecobank.


Après 18 ans passés au sein de la Société Financière Internationale, l’ivoirien Thierry Tanoh rejoint le groupe Ecobank (ETI) en tant que directeur général. Il succède au nigerian Arnold Ekpe en fin de mandat. Sera t-il l'homme providentiel de la multinationale africaine aux 600.000 actionnaires et aux 23.000 salariés?
Thierry Tanoh fait partie de cette nouvelle génération d’économistes et de financiers africains qui n’ont pas lu René Dumont (L’Afrique noire est mal partie), qui ont l’aversion pour l’assistanat et qui sont convaincus que le développement du continent se fera via un secteur privé fort. Trop jeune pour avoir vécu la désillusion des indépendances, et s’imprégner de la thèse de l’afropessimisme. Trop vieux, pour réclamer des comptes aux aînés.
Bref, Thierry Tanoh est un africain décomplexé qui défend l’Afrique loin des incantations du genre «black is beautiful». Mais avec expertise et pragmatisme, comme en témoigne l’un de ses collaborateurs à la Banque mondiale. Né le 21 avril 1962 à Abidjan, il fera ses classes au Lycée Scientifique de Yamoussokro, puis à l’Institut National Polytechnique Houphouet Boigny. Lui aussi s’envolera en France, rêve de nombre de diplômés ivoiriens, mais pour en revenir, muni du précieux parchemin d’expert comptable. Le temps de confronter la théorie et la pratique à la Direction des Etudes et Contrôle des Grands Travaux (DCGTX), le voilà qui postule pour l’Université de Harvard. Il bénéficie du très sélectif  programme de bourse « Fulbright». Mais c’est finalement le président Houphouet Boigny qui lui accorde une bourse présidentielle sans restriction. Ainsi en 1992, Thierry  Tanoh s'envole vers les États-Unis pour Harvard, où il aurait pu croiser, une année plus tôt, un certain Barack Obama.
Dés la fin de ses études, en 1994, il intègre la Société Financière Internationale (SFI), branche privée de la Banque Mondiale. Le jeune fonctionnaire international gravira régulièrement les marches de cette institution. Il connaîtra la consécration en 2008 en devenant le premier francophone à occuper un poste de vice président opérationnel : Vice président pour l’Afrique subsaharienne, l’Amérique Latine et Caraïbes et Europe de l’Ouest de la SFI. Son passage à la SFI sera marqué par l’augmentation exponentielle des interventions de la filiale de la World Bank en Afrique qui ont franchi allégrement la barre des 2 milliards de dollars. C’est donc avec le sentiment du devoir bien rempli qu’il décide de prendre une retraite anticipée pour rejoindre le secteur privé et continuer le travail entrepris dans la sous région.
« Je suis un très grand partisan de l’intégration sous régionale. Dans ce contexte-là, je pense que le groupe Ecobank entre dans la ligne de ce à quoi j’aspire et ce pourquoi j’ai travaillé toute la vie».Presque, une profession de foi. A 49 ans, ce pur produit de la Banque mondiale atterrit dans une banque panafricaine présente dans 34 pays et qui est en phase d’internationalisation définitive. Avec Thierry Tanoh, l’institution panafricaine acquiert une marge supplémentaire de visibilité sur la scène internationale. Parviendra-t-il à consolider une banque qui pèse 20 milliards de dollars de total bilan et seulement quelques millions de dollars de bénéfices nets ? Comment se fera la répartition des rôles entre le ghanéen Albert Essien et la Sénégalaise, Evelyne Tall, ses deux directeurs adjoints qui se présentent comme les gardiens du temple ? Durant ses premières sorties à la presse, le manager a fait montre de pragmatisme. Pour lui, Ecobank doit jouer le rôle de fer de lance du secteur bancaire en Afrique subsaharienne.
La nomination de Thierry Tanoh est une bonne nouvelle pour le secteur privé africain dont il était l’ardent défenseur au sein de la SFI. Voilà ce qu’il confiait à Les Afriques en 2008 : «En Afrique, le coût du financement local est très élevé. J’ai un ami et entrepreneur qui me disait l’autre jour qu’il empruntait à plus de 15%. Ce taux place la barre de la rentabilité un peu trop haut pour une entreprise. Par ailleurs, l’environnement des affaires n’évolue favorablement que depuis très peu de temps, y compris pour les banques qui ont souvent du mal à obtenir des garanties fiables, comme par exemple sur un bien immobilier dont la propriété ne serait pas parfaitement formalisée, ou bien dans un contexte où la justice n’est pas toujours impartiale». Un diagnostic qui a valeur de programme pour celui qui invitait alors les banques à plus d’engagements «les banques doivent peut-être davantage jouer leur rôle. Si elles se limitent à investir dans les bons ou les emprunts obligataires d’Etat, elles ne contribuent pas beaucoup au développement d’une économie dynamique». Quatre ans sont passés depuis et Thierry Tanoh, a, aujourd’hui, l’occasion inouïe de transformer l’essai.
Sélectionné parmi une trentaine de candidats par le très réputé cabinet Korn Ferry, Thierry Tanoh  suit en ce moment une période de rodage en étroite relation avec son prédécesseur Arnold Ekpé.il  prendra les commandes du premier réseau bancaire africain à la fin de l’année. Mais bien qu’encore assis sur un strapontin, sa marge de manœuvre est entière. Les cadres de la banque confirment que Arnold et lui se parlent beaucoup et s’entendent bien. Ils ajoutent que pour les décisions qui engagent l’avenir, c’est plus Thierry Tanoh qui est à la manœuvre.
Le prochain plus influent banquier du continent n’a pas le temps de s’ennuyer. Il arrive tous les jours à 7h30 dans le gigantesque Centre panafricain Ecobank du Togo. Son bureau provisoire situé au 7ème étage est une pièce toute en verre masqué par des stores. Des photos de lui-même en compagnie de ses 3 enfants et de son épouse y tronent. C’est que pour le nouveau patron d’Ecobank, la réussite professionnelle semble assise sur un bon dosage entre travail et vie familiale. Le patron-dauphin consacre ses journées à se documenter, tester les produits Ecobank, rencontrer des clients, des actionnaires, communiquer avec les staffs. Ceux qui l’ont rencontré sont impressionnés par son calme, sa simplicité et son ouverture.
Ses challenges sont nombreux : résister à la concurrence accrue des banques, notamment du Maghreb, du Nigeria et de l’Afrique du Sud, assurer un retour sur investissement aux 600 000 actionnaires institutionnels et individuels locaux et internationaux, travailler sur l’expansion géographique de la banque pour couvrir toute l’Afrique subsaharienne,  utiliser ingénieusement les nouvelles technologies pour réduire le taux de sous bancarisation, par exemple le « mobile banking ». Il devra toutes fois imposer en douceur son style et ses méthodes afin de hisser au plus haut la banque panafricaine.

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22 oct. 2012

L' INTERNAUTE LE PLUS INFIDELE D'ABIDJAN.


Je le confesse, je suis l’internaute le plus infidèle d’Abidjan. Je suis une sorte de Don Juan numérique. Un véritable coureur de connexion.
Ma première compagne, je l’ai rencontrée au détour d’une pub. ADSL qu’elle s’appelait. Elle eut beau me répéter la définition de son nom, je n’ai jamais pu le retenir. J’ai kiffé sa souris de PC montée sur des roues de véhicule dès notre première rencontre. J’allais souvent mâter discrètement son modem à l’agence de téléphonie du quartier. Ce que je l’ai désirée ! J’ai été l’homme le plus heureux du monde le jour où j’ai pu finalement m’acquitter de sa dot : 49.000f CFA de frais d’abonnement et un téléphone fixe pour la connexion permanente. Je l’ai installée le soir même dans mon foyer et nous avons passé notre lune de miel. Oh my God, ce qu’elle assurait ! 128K par seconde. Nous vécûmes heureux pendant de nombreuses années, jusqu’au jour où au détour d’une autre pub, je fis la rencontre de Wimax allias V 3000.
Wimax  venait d’arriver dans le quartier et sa couleur jaune ne passait pas inaperçue. Croyez-le ou non, c’est elle qui la première me fit des avances. Elle m’expliquât qu’elle portait ce nom à coucher dehors parce qu’elle n’exigeait pas que je l’installe dans mon foyer, qu’elle m’accompagnerait dans tous mes déplacements, pour le meilleur et pour le pire. Elle ajouta surtout qu’elle était la meilleure au pieu : 3 Mega par secondes. Ce dernier argument fit mouche. Il toucha ma sensibilité d’homme. Je commençai subitement à trouver de nombreux défauts à ADSL, ma première compagne : elle était incapable de fonctionner tant que le téléphone fixe n’était pas rechargé ; les coupures fréquentes de câbles téléphoniques dans le quartier me privaient de ma dulcinée pendant de longues semaines ; les queues interminables à l’agence pour payer les factures m’étaient de plus en plus insupportables.
Notre couple ne résista pas. Je me séparai d’avec ADSL en de bons termes (je conserve encore son modem dans mes affaires à ce jour). Les mois qui suivirent, je m’acquittai de la dot de Wimax (39.000f cfa) et l’installai sur mon PC. Elle tint toutes ses promesses : elle me comblait de toutes ses grâces et m’accompagnait dans mes sorties. Je la présentais fièrement à tous mes copains. Je prenais vraiment mon pied. J’étais un homme comblé. Mais ce bonheur avait un prix.

Wimax était de ces filles très difficiles à entretenir. 19.000Fcfa ne lui suffisaient pas souvent à boucler le mois. Pire, elle limitait le nombre de nos rapports à 4Giga par mois, un véritable supplice pour l’insatiable que je suis. Notre idylle ne tint que quelques mois. Je me retrouvai finalement à surfer à l’œil chez des copains ou au boulot. Je squattais les cybers en me promettant de ne plus jamais lever les yeux sur un panneau publicitaire. Chat échaudé craint l’eau froide, dit-on, et trop, c’en était vraiment trop. C’est justement le moment que choisit 3G pour me décocher ses premiers clins d’œil.
3G était la cousine par alliance d’ADSL, ma première compagne. La pudeur, elle ne connaissait pas : panneaux, journaux, radio, télé, elle ne ratait aucune occasion de m’envoyer des appels de phares. Elle alla jusqu’à se livrer à des strip-tease sur le vénérable et distingué  pont Houphouet Boigny de la capitale économique ivoirienne, pour être sûre de ne rater aucun de mes passages. Mais elle eu beau me harceler, je restai stoïque. Devant mon indifférence, 3G se montra encore plus entreprenante. Elle m’envoya Drogba Didier himself pour me vanter ses charmes. Mais le pachyderme en chef eut beau arracher tous les filets de tous les poteauxd’Abidjan de ses tirs aussi puissants qu’irréalistes, je restai de marbre : on lui demandait de réaliser de telles prouesses en coupe d’Afrique et non devant des gamins de quartier.
 Ma sérénité commençait par me surprendre moi-même. Mais pas 3G. Elle abattît sa dernière carte : elle m’offrît de la posséder pendant 3 mois moyennant juste 15.000f CFA. Quel homme doué de sens pourrait résister à une telle offre ? Voici comment un  Lundi matin très ensoleillé, alors que toutes les personnes normales se rendaient à leur travail, je me jetai dans la première agence de téléphonie du quartier. J’en ressortis quelques minutes plus tard avec mon butin bien planqué au fond de mon sac. Il n’était pas question qu’un vulgaire pick pocket me privât de ma nouvelle conquête. C’est que j’avais un plan pour 3G ce soir: elle clamait sur tous les toits quelle était capable de propulser n’importe quel homme au 7eme ciel en deux temps et…3Gémissements, eh bien je me shooterais de mon côté au viagra et seul Dieu pourrait nous sauver d’une overdose.
Pour le bon déroulement de ce derby, je créai toutes les conditions : ambiance feutrée à la chandelle, Jazz langoureux en fond sonore, la classe quoi ! Les préliminaires ? Nous les ignorâmes superbement. Nous ouvrîmes directement les hostilités. Mais à peine avions nous atteint le 2ème ciel que nous nous engouffrâmes au 3ème sous sol en battant le record du monde du saut en chute libre. Ma partenaire s’essoufflait au moindre effort. Pour quelqu’une qui me promettait le 7ème ciel à la vitesse 3G ça commençait à bien faire. Je recommençai encore et encore, sans plus de succès. C’est à ce moment que, brulant de désir et encore allumé comme une torche olympique, j’eus le reflex de lui demander la signification de son nom. « 3ème Gaou », me répondît-elle d’un sourire moqueur.

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16 oct. 2012

Francophonie : une ivoirienne sermonne Hollande en Nouchi.


Le président français subit son baptême du feu africain lors du sommet de la Francophonie à Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo, les 13 et 14 octobre. Au pied de la passerelle d’embarquement, Mahi, une Ivoirienne, lui adresse ses dernières recommandations.
François Hollande et l’Afrique, une, première…On se souvient de François Mitterrand, de son discours de La Baule, mais aussi de Chirac dans son village françafricain, de Sarkozy et son brûlot  de Dakar. Que nous réserve le nouveau président socialiste dans un marigot où la realpolitik, la défense des intérêts nationaux engloutissent  les convictions les plus affirmées? Va-t-il nous servir une vieille soupe réchauffée?

A écouter les échos qui reviennent de l’Elysée, on apprend que François Hollande se fait bombarder quotidiennement de notes, de rapports sur les derniers avatars des Etats africains. Des communications rédigées le plus souvent par des docteurs es Afrique, pompeusement baptisés «africanistes», ne connaissant souvent du continent noir que les aéroports et les chambres d’hôtels de luxe. Mahi, une Ivoirienne, fraîchement débarquée en France, a voulu adresser au président français quelques remarques avant ce sommet de la Francophonie. En nouchi, ce français imagé qu’on parle dans les rues d’Abidjan. D’où, parfois une nécessaire traduction en pure langue de Molière.

La francophonie


«Prési, lance Mahi à François Hollande. Prési, c’est plus choco (plus classe, moins ringard) que président. Dis-moi, votre affaire de francophonie dont vous parlez tout le temps, c’est quoi? Tout ce qu’on voit, c’est un président blanc, un grand chef qui réunit tous ses notables pour faire le point sur la mission qu’il leur a confié.

Francophonie, faut nous affairer (informer) parce que nous, on comprend rien. François Hollande, on veut entendre de ta propre bouche ce que francophonie veut dire. Faut nous expliquer  parce qu’aujourd’hui on va prendre drap (on veut tout savoir) de l’affaire. Et puis tu as dit aussi que d’ici 2050, 80% des francophones seront Africains. Ca là, c’est quoi encore? C'est-à-dire, c’est nous seuls qui, d’ici 2050, allons parler français. Et les blancs, eux ils vont plus parler français? Ils parleront quoi? Je vais te dire une chose, peut-être prési tu sais pas, mais nous, on a fini avec français.

 Français, on a mis ça à gauche (de côté) même. Actuellement, tous nos enfants, on leur apprend anglais en désordre (de façon forcenée). Dans tous les pays francophones, on fait rien avec français. Depuis que vous êtes en train de créer les palabres de gauche à droite dans nos pays, on est fâchés, en même temps, ça chauffe nos cœurs. Prési, je dois te dire ça. Nous on a commencé à créer notre langage.»

Le discours de Dakar

 Prési, reprend Mahi, président Sarkozy avait dit que l’homme africain n’est pas entré dans l’histoire. Ca là, toi-même qui est là actuellement, qu’est ce que ça veut dire? Moi-même, je ne comprends pas. C’est foutaise. Nous on a des grands hommes. Nelson Mandela, c’est blanc, c’est métis, c’est quoi? C’est noir, c’est Africain. Nous on a des Mogho Naaba (roi du Burkina de 1957 à 1981).
L’histoire, quand c’est pas blanc, c’est pas l’homme (on n’est pas considéré). Lui, Sarkozy, il a parlé, mais toi, faut nous dire. Ce que l’autre a dit, peut-être, tu penses ça. Faut nous dire, on veut prendre drap dans ça (on veut savoir).      

Les élections truquées

Prési, faut m’expliquer une autre chose encore. Dans ton ministère là-bas, il paraît qu’il y a des gens qui disent qu’il faut faire la morale aux présidents africains pour qu’ils arrêtent de tricher aux élections. Vous saviez bien qu’il y avait eu des tricheries dans les élections et puis vous composez avec ces présidents-là. Mais c’est quelle affaire ça? Ca me dépasse, franchement!  Chaque fois qu’il y a des élections, il y a des tricheries et vous dites «non, tout s’est bien passé».

 Maintenant aujourd’hui, vous parlez de les moraliser. C’est quelle morale, vous allez donner? Commencez par vous-mêmes. Quand quelqu’un triche et qu’on compose avec, on triche aussi. Si vous arrêtez de vous occuper de ce qui se passe dans nos politiques, je crois qu’il n’y aura pas de problème. Quand le peuple se lève, il y a des chars qui se lèvent aussi pour le calmer. Votre histoire de moralité, faut revoir ça. Gardez là et laissez nous gérer nos affaires.

L’immigration

 Prési, tu veux savoir pourquoi on est versés (nombreux)  sur le Mbènguè (en Europe) actuellement. Je vais te dire maintenant, on n’a pas le choix. On est venus se chercher ici. Il n’y a rien au pays actuellement. Politique a  tout  gâté (gâché) là-bas. On va faire quoi? On n’a qu’à s’asseoir, on va mourir de faim chez nous là-bas. Ici, au moins, même si tu n’as rien, tu peux avoir un peu de jetons (argent) pour ramener dans ton pays. On sait qu’ici, il y a des frères qui gâtent notre nom par leur comportement. Ils vous trauma-choquent, vrai-vrai. Nous-mêmes, on est au courant.
Ce n’est pas pour ça que vous allez penser que c’est tout le monde. On n’est pas tous zinzins (déréglés). Il y en a aussi qui travaillent et étudient ici. Un matin, on va avoir un Obama parmi nous.

                                                                                              Propos recueillis par Philippe Duval
                                                                                                   http://www.slateafrique.com/

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10 oct. 2012

VERONE MANKOU CHOISIT ABIDJAN POUR DEVOILER LE PREMIER SMARTPHONE AFRICAIN


         
          Il a fait sensation en lançant en Janvier 2012 la première tablette tactile android conçue en Afrique. Il récidive quelques mois plus tard avec un smartphone made in Africa. En prélude au salon Africa Télécom People, Verone Mankou a présenté son nouveau téléphone à toute la presse et à la population ivoirienne. L’événement n’a pas fait beaucoup de bruit. Et poutant il s’agit d’une première pour le continent africain.
          Elikia, le premier smartphone conçu au Congo a été présenté le 29 Septembre dernier à l’Hôtel Ivoire d’Abidjan par Verone Mankou, son concepteur. Sanglé dans un costume noir, chemise claire et sans cravate, le jeune entrepreneur congolais a justifié le choix d’ Abidjan pour la présentation de son nouveau né  par le fait que la Cote d’Ivoire est un marché très dynamique dans le secteur des télécoms. Il envisage même l’ouverture d’une filiale de son entreprise VMK sur les bords de la lagune Ebrié pour faciliter la commercialisation du nouveau téléphone.
          Pour le SteveJobs africain de 27 ans,  Elikia constitue une véritable révolution car conçu entièrement au niveau de toutes ses applications au Congo et assemblé, comme ses principaux concurrents, en Chine où les prix sont très abordables. Son développement a nécessité un an de travail et un investissement de 90 mille euros (60 million de francs CFA).
          C’est que Elikia est un concentré de technologies qui n’a rien à envier à la concurrence : le smartphone dispose d’un écran tactile de 3.5 pouces griffé VMK (« vou mou ka » en dialecte Kituba signifiant « réveillez-vous ») ; Il tourne sur un système d’exploitation Android Gingerbread (2.3.6), un microprocesseur de 650 Mhz, une RAM de 512 Mo et une mémoire interne de 126 Mo extensible à 32 Giga à l’aide d’une carte mémoire. Doté d’un appareil photo d’une résolution de 5 Megapixels, le téléphone est également compatible avec les réseaux  3G, wifi et bluetooth. Il est équipé d’un système de géolocalisation et d’un gyroscope. Grand plus, Elikia embarque une batterie d’une autonomie de 6 heures pour naviguer sur internet. Et comme toute marque de téléphone qui se respecte, ce smartphone possède sa propre plateforme d’achat en ligne dénommée VMK Market qui permettra aux utilisateurs de télécharger des applications en ligne et aux développeurs de faire connaitre leurs applications.
          Cette perle technologique africaine possède tout de même de belles mensurations (11cm x 6 cm x 1.25cm pour un poids de 150 grammes). Elle est disponible en trois coloris :blanc,  rose et noir et sera commercialisé à 85 000 francs CFA (soit 130 euros) . Verone Mankou estime que ce prix est raisonnable car il permettra à un maximum de personnes d’avoir accès aux nouvelles technologies. Mais il insiste aussitôt sur la qualité des composants de son téléphone et précise même qu’il sera garanti 1 an. Voilà qui rassurera certainement les plus septiques.
          L’objectif du jeune entrepreneur  est de vendre 50.000 unités en 1 an dont 10.000 dès le premier trimestre de son lancement.
Verone Mankou, le Steve Jobs Africain.

          VeroneMankou est Attaché aux Nouvelles Technologies au Ministère congolais des Postes, des Télécoms et des NTICs. Titulaire d’un baccalauréat et d’un BTS en maintenance et réseaux obtenu à Pointe Noire au Congo, ce pur produit du système scolaire congolais crée en 2009 VMK, une start up spécialisée dans les technologies mobiles et la création de sites web. Personne ne croit alors en cet illuminé de 25 ans lorsqu’il avance l’idée de créer une tablette tactile dans un Congo où même la fourniture d’électricité pose problème. Mais le jeune PDG ne baisse pas les bras. Il réinvestit les premiers bénéfices de sa jeune entreprise dans ce projet fou. Son obstination finit par payer quelque années plus tard car, avec pour seul soutien une aide du ministère congolais de l’industrie, il offre à l’Afrique sa première tablette tactile baptisée Way-C. Son entreprise Pèse aujourd’hui 380.000 euros et emploie 13 personnes dont 3 en chine.

          Vérone Mankou fait partie de ces africains qui pensent qu’il ne faut pas désespérer de notre continent. En baptisant son smartphone Elikia (« espoir » en Lingala), c’est justement le message qu’il veut faire passer :

        « L’Afrique sommeille encore du point de vue des nouvelles technologies, mais le réveil
           est proche ».

          Ses projets vont également vont dans le même sens : créer prochainement un ordinateur à 100 dollars et une tablette double écran éducative.
          Coté jardin, ce  célibataire et père d’un enfant se présente lui-même comme un homme simple. Il a toujours détesté les costumes jusqu'à ce qu’on l’oblige à en porter un au ministère. Il se sent  plus à l’aise en chemise et jeans. Vous voulez lui faire plaisir ? Offrez-lui simplement du riz au poulet.

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